Les cours d’éthique se développent dans les écoles d’ingénieurs


C’est le plus grand scandale de l’industrie automobile ces dernières années. Le 18 septembre 2015, Volkswagen est accusé par l’Agence américaine de l’environnement d’avoir violé la réglementation antipollution. Le groupe aux douze marques (Audi, VW, Porsche…) reconnaît alors avoir équipé 11 millions de ses voitures dans le monde d’un logiciel minimisant le niveau réel des émissions de gaz nocifs lors des contrôles de pollution. Au total, sept dirigeants et ingénieurs de Volkswagen seront inculpés aux Etats-Unis.

« L’affaire des moteurs diesel truqués qui a éclaboussé Volkswagen en 2015 comme les dissimulations de Boeing sur les défauts de conception du 737 MAX ont montré que l’éthique, ce n’est pas automatique, même dans des entreprises qui ont pignon sur rue », analyse Gérard Pignault, directeur de CPE Lyon, une école d’ingénieurs en chimie et en sciences du numérique. D’après la dernière enquête nationale publiée en septembre 2022 par la fédération Ingénieurs et scientifiques de France (IESF), 16 % des ingénieurs disent ainsi être confrontés à un manque d’éthique dans leur entreprise. « Si les individus sont mieux armés, peut-être que le collectif réagira mieux », espère-t-il.

Depuis une quinzaine d’années, dans son établissement, un module spécifique d’éthique de trente heures est proposé aux élèves en première année de cycle ingénieur. Un mouvement qui s’empare progressivement de toutes les écoles.

Un jeudi matin d’octobre, l’Efrei, une grande école d’ingénieurs du numérique située à Villejuif (Val-de-Marne), organisait une conférence sur les mondes virtuels. « Sur les réseaux sociaux, on voit des gens partager des selfies pendant l’enterrement d’un proche, d’autres se prendre en photo en situation humanitaire pour se rendre séduisants sur Tinder. Est-ce qu’Internet ne pousserait pas à ne pas être soi-même ? », s’interroge au micro Gilles Juan, responsable du programme XP for Good à l’école.

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Ce cycle de conférences et d’ateliers a été lancé au printemps 2022 pour l’ensemble des étudiants en programmes experts. Objectif ? « Donner à nos élèves des clés de réflexion, sans leçon de morale ni recette à appliquer, de façon que chacun se forge son éthique du numérique », explique Emmanuel Peter, directeur des programmes experts à l’Efrei.

A l’Esiea, comme à l’Efrei, les élèves de troisième année ont aussi droit désormais à une introduction − de dix-huit heures − à l’éthique du numérique. En quatrième année, les cours d’éthique varient en fonction de la spécialité choisie. A l’Esilv, une école généraliste, des modules sont distillés tout au long du cursus : vingt-cinq heures d’introduction à l’éthique en première année, un cours consacré à l’éthique professionnelle en deuxième année, des projets à impact positif en troisième année…

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